Tuesday, August 28, 2007

Servir, partie 3

Voici donc un dernier extrait qui m'a fait réfléchir, dans le texte de Ruth Barrett. (On s'entend que le texte au complet est très riche. Je pourrais écrire des pages, sur chaque paragraphe. J'ai choisi d'y aller à l'essentiel).



"En discutant de ce que doit être une Prêtresse, je me rends compte que chaque femme qui prend le manteau de Prêtresse ne partage pas mes normes et mes espérances. Je demande beaucoup des femmes qui s'entraînent et étudient pour servir, tout comme je continue à exiger beaucoup de moi-même. Je désire le meilleur pour les femmes, par conséquent, je veux que les Prêtresses soient préparées à être seules si nécessaire, et à pouvoir travailler en partenariat à côté de leurs soeurs dans une communauté. Idéalement, pour servir sa communauté comme Prêtresse, une femme aura reçu un entraînement spécialisé et une évolution personnelle. Ce processus prend des années et exige patience, sacrifice personnel, et dédicace. Il faut des années de travail assidu pour acquérir la connaissance et l'expérience, l'intégrer, la pratiquer, et ensuite comprendre comment servir avec cette connaissance et cette expérience. Une femme sur le chemin de la Prêtresse apprend à comprendre que le temps est son ami. Il lui offre l'accumulation d'expériences qui l'enrichiront et la transformeront en une personne qui pourra servir efficacement sa communauté. Les années d'entraînement, de pensées, les expériences, les défis, et de visions contribuent à la qualité de son travail dans le monde. Si son entraînement est intense, elle ne sera plus la même personne que celle qui a commencé le voyage. Comme la Déesse Inanna, elle descendra par les sept portes de l'Autre monde, mourra pendue sur le
crochet de Ses craintes et de Ses doutes, puis s'élèvera de nouveau vers les cieux. Elle doutera de tout et remettra tout en question. Elle continuera probablement à tout questionner pendant le reste de sa vie. "


Je suis consciente que devenir prêtresse, est en fait le travail d'une vie. Le titre ne fait pas la prêtresse, au même titre que tout homme qui porte le titre de prêtre, chez les chrétien, ne l'est pas forcément. - Je fais beaucoup de parallèles avec le christiannisme, car c'est ce que je connais. J'ai décidé d'abandonner cette foi, mais je ne suis pas hostile au christiannisme, contrairement à plusieurs païens. Comme pour n'importe quelle religion, il y a de bons, et de moins bons chrétiens. Pour avoir fréquenté pendant plusieurs années la communauté chrétienne de Marie-Jeunesse (communauté dont la vie se base sur celle de la Vierge Marie, qui en est la figure principale), et je suis parfois surprise de constater à quel point la spiritualité chrétienne bien vécue, et la spiritualité païenne, peuvent se recouper. La forme est différente, bien sûr, mais le fond est vraiment similaire à bien des niveaux. Faut croire qu'un développement spirituel reste un développement spirituel, peu importe dans quelle foi il s'accomplit. - Ok, donc, je reviens à mes moutons. Je disais que le titre ne fait pas la prêtresse. Et que être prêtresse est l'apprentissage d'une vie. En lisant l'extrait cité plus haut, je me demandais combien de temps je mettrais à compléter cette formation. Faut dire que je suis de nature impatiente..... Mais en y réfléchissant, je me dis qu'il ne sert à rien de me presser. Après tout, apprendre une profession "mondaine", est souvent l'affaire de 3 ans pour une technique, 5 ans ou plus si les cours sont universitaires.... Un prêtre chrétien fait 6 ans de séminaire avant d'être ordonné.... Alors quoi, cette formation peut bien me prendre 1 an ou 2, ou plus..... je n'en sait rien et ça m'est égal, je la prend une étape à la fois, un jour à la fois. Et je sais que ma formation ne s'arrêtera pas à mon ordination. Ce n'est pas: "Ok, me voilà ordonnée, maintenant j'ai la science infuse, je n'ai plus rien à apprendre de rien ni de personne". Je désire vraiment vivre toutes les étapes pleinement.


Elle doutera de tout et remettra tout en question. Elle continuera probablement à tout questionner pendant le reste de sa vie. Alors là, je suis bien partie! Depuis que j'ai commencé avoir une vie spirituelle, même en tant que chrétienne, j'ai commencé à avoir des doutes! Je sais que c'est normal. On ne peut pas parler de "foi" si il n'y a que des certitudes...... Remettre en question, c'est ce qui fait qu'on évolue..... Ma mère, par exemple, semble n'avoir que des certitudes. Au cours d'une discussion, elle m'a déjà dit que ce qu'elle me disait n'était pas son opinion, mais "la vérité!". Mais je sais que effectivement, elle n'a pas d'opinion propre. Elle suit à la lettre les enseignement de l'église catholique, qu'elle voit comme la vérité absolue. Je n'ai jamais été capable de ça. Dès que j'ai été assez vieille pour avoir une autonomie de pensée, j'ai contesté ce que je ne comprenais pas. Je n'ai jamais pu me satisfaire du "tu n'as pas à comprendre, tu n'as qu'à croire" ou "les voies du seigneur sont impénétrables". Même à l'école, même toute petite. Je ne me souviens pas du fait, mais je suis retombé récemment sur un vieux bulletin scolaire de 1ère année. Mon professeur écrivait que j'étais une questionneuse. Si je ne comprenais pas quelque chose, je questionnais, re-questionnais, et re-re-questionnais, jusqu'à ce que j'aie bien compris. Ce n'est pas différent dans ma spiritualité. Je n'ai jamais été capable d'accepter quelque chose pour un fait tant que ce ne m'était pas exliqué de façon satisfaisante. Alors cette phrase de Ruth Barrett, me rassure, en quelque sorte. Elle me dit que c'est normal si je n'ai pas une foi docile, et que je continuerai à questionner toute ma vie. Donc, je continuerai à avancer et à évoluer toute ma vie. Ma foi, ma conception de la vie, deviendra de plus en plus profonde, parce que j'aurai ce que j'appelle "l'expérience de mes convictions". Et j'ai un flash, en réfléchissant à cela. Une image de la Déesse qui m'attend les bras ouverts, avec amour. Elle est comme à une extrémité d'un labyrinthe, et moi à l'autre, et Elle m'attend. Ce labyrinthe est ma vie. Elle me laisse chercher, questionner, avancer parfois à tâtons, mais Elle sait que tôt ou tard, je La rejoindrai. Au fur et à mesure que j'avance, le chemin ne devient pas plus simple, mais j'accumule des expériences, qui me rapprochent d'Elle.

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